Dernièrement, l'entraînement à jeun est devenu à la mode chez les sportifs de tous niveaux parce qu'il est considéré comme pouvant améliorer les performances. Ceci s'expliquerait par une augmentation de l'oxydation lipidique permettant une économie du glycogène musculaire. Pour en avoir le cœur net, une équipe a évalué les effets de l'entraînement à jeun sur les modifications de l'oxydation des substrats à l'effort, et sur la VO2 max (consommation maximale en oxygène) et l'endurance. Dans les faits, 16 jeunes hommes actifs ont été randomisés en 2 groupes d'entraînement - à jeun (FAST, n = 8) ou non (FED, n=8) - et soumis à un programme d'entraînement.
L'entraînement, suivi au rythme de 3 fois par semaine pendant 6 semaines, comportait chaque semaine deux sessions continues de 40 min (70 % de VO2 max) et une session intermittente (8 périodes de 2 min à 85 % de VO2 max). La performance était évaluée par une course de 3 km sur tapis roulant juste après un exercice de 60 min à 60 % de VO2 max.
Sur l'analyse globale des résultats, la VO2 max a augmenté dans les 2 groupes (+9,0 et 3,9 % chez FAST et FED, respectivement ; effet entraînement : p = 0,042) et une interaction entraînement/groupe approche seulement le seuil de significativité (p = 0,081). Le temps pour parcourir les 3km est diminué dans les 2 groupes (−12,0 et 6,6 % chez FAST et FED, respectivement ; effet entraînement : p < 0,001). Néanmoins, l'oxydation des lipides pendant l'exercice de 60 min et la capacité à oxyder des lipides n'étaient pas modifiées par l'entraînement.
En somme, quel que soit l'entraînement, à jeun ou nourri, on ne retrouve pas de modifications sur l'oxydation des lipides. Aussi peut-on dire que les sessions à jeun ne sont pas plus bénéfiques pour potentialiser les progrès lors d'une préparation chez un athlète. Ceci rejoint les précédentes études se rapportant à la même thématique, excepté une seule mais qui traitait d'un entraînement plus réduit. Par ailleurs, il est difficile de généraliser ce protocole à des populations sédentaires ou à des populations qui ne suivent aucun entraînement parallèlement à l'entrainement à jeun.
Références
Charlot K et coll. : Effets de l’entraînement à jeun sur la VO2max, l’oxydation des lipides et la performance aérobie chez des jeunes hommes modérément entraînés. Science et sports 2016 ; 31 : 166-171.
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