L'utilisation excessive des « écrans » provoque un manque de sommeil chez les écoliers, lequel retentit sur leur scolarité, leur psychisme et même leur poids. D'après une enquête transversale à paraître dans le numéro de février de Pediatrics, les « petits écrans », smartphones et tablettes, pourraient être, à cet égard, plus néfastes que la télévision. Un peu plus de 2 000 écoliers du Massachusets (USA) ont été interrogés par des infirmières scolaires sur la présence d'un petit écran à leur chevet et/ou d'un téléviseur dans leur chambre, et sur leurs heures habituelles de coucher et de lever la semaine précédente. Ils étaient en 4e et en 7e grades, les équivalents en âge de nos classes de CM1 et de 5e (moyenne d'âge : 10,6 ans).
La moitié des écoliers se couchait avec un petit écran à côté du lit, et trois quarts avec un téléviseur au pied du lit. Par comparaison avec ceux qui ne disposaient pas du même type d'appareil, le temps de sommeil des enfants qui se couchaient avec un smartphone/une tablette à proximité était réduit en moyenne de 20,6 min par jour de semaine, et ce indépendamment de la présence d'un téléviseur (p < 0,001), et le temps de sommeil des enfants qui possédaient un téléviseur dans leur chambre était réduit de 18,0 min par jour de semaine, et ce indépendamment de la présence d'un petit écran (p < 0,001). Dans les deux cas, la réduction du temps de sommeil se faisait au détriment de l'heure du coucher, l'heure de réveil restant inchangée les jours d'école. Le coucher était retardé en moyenne de 37 min avec les petits écrans, et de 31 min avec les téléviseurs.
Les enfants qui avaient un petit écran à côté du lit - mais pas ceux qui avaient un téléviseur au pied du lit - se plaignaient plus souvent de manquer de sommeil ou de repos que ceux qui n'en avaient pas (ratio des prévalences : 1,39 ; Intervalle de Confiance 95 % : 1,21-1,60), même après ajustement par la durée du sommeil (ratio des prévalences : 1,33 ; IC 95 % : 1,16-1,53). Le temps passé à regarder la télévision/des DVD, ou à jouer sur une console/un ordinateur était également associé à une réduction du temps de sommeil de 3,6 min pour les visionnages et de 5,1 min pour les jeux, et à un coucher retardé de 3,7 min par heure de visionnage et de 9,8 min par heure de jeu. En revanche, l'impression de manque de sommeil ou de repos était moins fréquente. Des associations étaient plus fortes dans certaines ethnies et en 7e grade (hétérogénéité : p < 0,05).
Ainsi, les smartphones et les tablettes semblent avoir plus d'impact que les téléviseurs sur le sommeil des enfants. On peut faire plusieurs hypothèses : les petits écrans sont des appareils polyvalents et interactifs ; la lumière bleue qu'ils émettent près des yeux peut modifier la sécrétion de mélatonine… Cependant, il ne s'agit que d'associations. Pour affirmer une relation de cause à effet des petits écrans vers le sommeil il faudrait une enquête longitudinale ou une étude expérimentale. Les auteurs considèrent que leur étude, bien que « préliminaire », permet dès à présent de mettre en garde contre un accès illimité aux petits écrans dans les chambres où dorment les enfants.
Références:
Falbe J et coll. : Sleep duration, restfulness, and screens in the sleep environment. Pediatrics, 2015 ; publication avancée en ligne le 5 janvier. DOI: 10.1542/peds.2014-2306