La guerre du paracétamol aurait pu avoir lieu en 2014, si l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait mis à exécution sa menace de « créer des groupes génériques » le concernant. Cependant, pour satisfaire la quête d'économies de l'ANSM et de l'Assurance maladie tout en permettant de sécuriser des milliers d'emplois en France, une autre solution a été préférée : la baisse des prix du paracétamol. Une première diminution est intervenue le 1er janvier 2015, atteignant 42 %.

Cependant, pour les patients, la différence sera passée presque inaperçue puisque la baisse n'aura été en réalité que d'un centime. En effet, concomitamment à la diminution du prix, est entrée en vigueur l'honoraire de dispensation des pharmaciens, qui atteint 82 centimes par boîte et qui a quasiment annulé totalement (pour eux) l'effet de la baisse ; bien que pour l'Assurance maladie, ce gain d'un centime aura représenté entre 40 et 50 millions d'économies.

Hausse de 20 centimes la nuit de la Saint Sylvestre
En ce mois de novembre, l'équation est un peu plus complexe encore. D'abord, c'est avec le calendrier qu'il faut régler quelques comptes. La nouvelle baisse du prix du paracétamol aurait dû entrer en vigueur le 1er novembre, mais a finalement in extremis été repoussée au 10 novembre, comme l'a indiqué le Journal officiel du vendredi 30 octobre. Le délai d'écoulement des stocks (20 jours pour les grossistes et 30 jours pour les pharmaciens) rend donc opposable ce nouveau prix à partir du 31 décembre 2015. A cette date, le prix obligatoire du paracétamol atteindra 1,90 euros. Cependant, dès le lendemain, le coût de ce traitement augmentera de nouveau pour atteindre 2,10 euros, en raison de la hausse de l'honoraire de dispensation, qui à partir du 1er janvier 2016 atteindra 1,02 centimes contre 0,82 centimes. Pour les délivrances sur ordonnance, le coût sera indolore pour les patients disposant d'une mutuelle (il sera légèrement augmenté pour ceux qui ne bénéficient pas d'une couverture complémentaire, qui devraient cependant être encore moins nombreux le 1er janvier prochain, en raison des nouvelles mesures visant à permettre à tous les salariés de bénéficier d'une telle protection). Dans les cas nombreux où le médicament est délivré sans ordonnance, le prix sera pour sa part probablement augmenté, en dépit de l'annonce d'une nouvelle baisse…

Prise de tête
Ce casse-tête ne lésera pas seulement les patients, mais aussi les pharmaciens, qui pourraient connaître dans les semaines à venir quelques sueurs froides en ce qui concerne leurs obligations d'affichage. A quelle date, le nouveau prix du paracétamol devra être affiché, compte tenu du délai d'écoulement ? Risque-t-on une sanction si l'on ne fait pas apparaître le montant qui pourrait n'être en vigueur que le 31 décembre ?
Des questions qui risquent de faire progresser la consommation de paracétamol chez les officinaux !

Source: Journal International de Médecine, 02 Novembre 2015